Dans l'environnement, la Rupture est partout.

C'est elle, après tout, qui gouverne désormais le climat par ses caprices, sautes d'humeurs et catastrophes.

La Rupture est la vie quotidienne de tous les habitants de Kiwandoto. La plupart des habitants seront touchés par la Rupture au moins légèrement. Elle est tellement omniprésente qu'elle en devient personnifiée.

Les Chimères et les personnes qu'elle a ralliées à elle en sont même une incarnation vivante. Chez elles, la Rupture prend forme, se cristallise, a une réelle substance et apparence.

Les Chimères sont aisément reconnaissables à deux choses :

- le sillage de destruction qu'elles laissent derrière elles. Elles ne sont en effet, pour la plupart, mues que par une folie destructrice et suicidaire, une rage qui les pousse à tuer et abattre tout obstacle sur le route où à mourir en essayant. Même pour s'alimenter, elle s'arrêtent rarement et meurent fréquemment de faim ou d'épuisement. Exception potentielle pour la reproduction avec un partenaire. Potentielle. Les plus faibles, quand elles appartiennent à la même espèce, peuvent toutefois s'allier pour agir en bandes, devenant ainsi aussi dangereuses que les plus grosses Chimères.

- leurs corps marqués par la Rupture : des taches sombres veinées d'éclats violacés, brillant sous la lumière d'un reflet cristallin, et des morceaux de Pourprine jaillissant de façon erratique de leurs chairs.

Le corps d'une Chimère est totalement impropre à la consommation (certains le font malgré tout pour rejoindre les rangs des Parjures ou dans la nécessité extrême). Toutefois, leurs cadavres sont des ressources vitales pour la survie, permettant la confection des abris de Pourprine, offrant une protection contre les aléas du climat. Généralement, elles sont récupérées sur les carcasses de Chimères mortes de vieillesse, de faim, fatigue ou de la "main" d'une autre Chimère. Exceptionnellement, sur des cadavres que des habitants ont réussis, via force stratégie, ingénierie, pertes humaines et nécessité, à tuer.

Manipuler et travailler la Pourprine demande de grandes précautions pour ne jamais entrer en contact direct avec elles, au risque d'être contaminé par la Rupture. On utilise donc des instruments inertes pour les ramasser, recouvrir et manipuler, les éléments inertes ne pouvant pas être touchés par la Rupture. Mais même ainsi, on n'est jamais totalement à l'abri...

Lorsqu'une Chimère meurt, ses entrailles, son "sang" peuvent contaminer la faune et la flore environnante. Les personnes qui trouvent des cadavres de Chimère, ou en produisent, prennent donc soin de nettoyer et purifier la zone environnante, quitte à creuser le sol et stériliser la terre à grand renfort d'alcool à brûler et de sel.

Certaines personnes font le choix conscient de profiter des bénédictions de la Rupture, de vendre leur âme à celle-ci. On les appelle les Parjures, car elles ont renié leur être profond.

Les Parjures disposent de pouvoirs défiant l'imagination, la Rupture pouvant leur octroyer des capacités de vol, de créations d'objets de Pourprine, une force titanesque...Leur esprit est cependant presque toujours pris de folie.

En effet, une personne devenant Parjure se renie entièrement, devient tout ce qu'elle haïssait et rejette tout ce qu'elle aimait : elle doit rechercher en permanence son Anathème et éviter son Essence. Ceci est nécessairement et forcément profondément traumatique, car l'abandon doit être sincère et total, mais la nature de l'âme elle, ne change pas.

La personne n'est plus ce qu'elle était, tant physiquement que moralement. Cela se reflète dans chacun de ses actes.
Elle ne pourra jamais se réincarner, ne donnera ni Mâne, si Spectre ni Lares après sa mort. Elle ne rejoindra jamais l'Akasha. Elle a, après tout, renié le monde.

La Pourprine est de la Rupture cristallisée. La manipuler ou s'exposer à de grandes quantités de Pourprine est très risqué, car la Pourprine transmet la Rupture.

Toutefois, la Pourprine est une ressource importante pour les habitants de Kiwandoto. Un abri entièrement constitué de Pourprine, ou un endroit fermé par de la Pourprine, comme une grotte avec une porte de Pourprine, est protégé de la météo erratique et de ses fluctuations de Kiwandoto. Dans ces havres, le vent est calme, chaleur et humidité sont douces, et aucune brume ou ténèbre intempestif. Ces abris de Pourprine, même s'ils sont petits, permettent d'assurer la survie des communautés, en les protégeant des intempéries les plus extrêmes, et en y stockant leur nourriture.

Certes, rester plusieurs jours dans un abri est périlleux, et à terme les aliments seront corrompus et jetés, mais cela permet de temporiser, de gagner du temps et d'augmenter les chances de survie.

Il existe en fait trois types de Pourprine. Toutes transmettent la Rupture, mais leurs propriétés sont différentes.

- La Pourprine récupérée sur les Chimères et les Parjures est la plus intéressante. C'est elle qui a les propriétés isolantes et protectrices recherchées. On peut la fondre ramollir à la flamme, la travailler et la mêler avec d'autres cristaux de la même Pourprine, un peu comme un hybride entre un métal et un verre.

- La Pourprine poussant sur les animaux, plantes et autres créatures non-conscientes contaminées. Cette Pourprine est friable, fragile, inutile. On la détruit par précaution, par le feu ou l'acide, car elle y est sensible.

- La Pourprine "dure". Extrêmement rare et d'origine incertaine, cette Pourprine résiste à tout : flamme, acide, pression, érosion...Elle semble indestructible, et est donc complètement impossible à travailler. Ces cristaux sont toujours de petite taille, environ un poing.

Les Chimères et Parjures, en transportant la Rupture avec eux, sont les principaux vecteurs de celle-ci. Il en est de même des animaux, plantes et autres créatures touchées par la Rupture. Se blesser avec de la Pourprine, la toucher ou s'y exposer régulièrement pendant de longues périodes peut aussi faire germer la Rupture dans les chairs.

Cependant n'importe qui peut la contracter volontairement. Quand une personne manifeste son Anathème ou succombe à la Tentation de la Rupture, la Rupture progresse irrémédiablement en elle. Ces marques sont un mémento des erreurs de parcours de la personne.

Quand de la Rupture est acquise volontairement, elle prend la forme de marques violettes apparaissant ou grandissant sur le corps de personnes. La Rupture acquise involontairement est une forme de nécrose violacée et douloureuse. Une personne peut parfaitement avoir les deux types de Rupture sur elle.

La Rupture se repère également sur la Psyché et le Corps Astral/Védique de la personne, de la même façon que dans le Monde Physique. Toutefois, il semble que la Rupture ne puisse pas toucher les êtres du Monde Spirituel...En tout cas le Monde Spirituel est épargné par la Rupture pour le moment, et il est important qu'il le reste !

Toute personne manifestant des traces de Rupture est appelée Rongée, car tôt ou tard, le mal prendra le dessus sur elle...

Un personnage subissant une agression d'une Chimère, d'un Parjure, d'un Sortilège de Rupture, exposé à de grandes quantités de Pourprine ou se blessant avec risque de contracter la corruption de la Rupture.

Les animaux, plantes et autres êtres sans conscience ne peuvent que subir la Rupture. Elle les atteint toujours de façon involontaire, par la corruption. Ces êtres deviennent agressifs et solitaires, les plantes et champignons coupent toute communication racinaire/mycéliale et se mettent à produire des toxines chargées de Rupture. Les prédateurs les délaissent, mais les blessures, poisons, maladies provoquées par ces êtres, ou consommer leur chair, peuvent transmettre la Rupture.

On reconnaît la faune et flore contaminée à des excroissances de Pourprine, comme pour les Chimères et Parjures. Toutefois, cette forme de Pourprine est fragile et sans intérêt. On la détruit donc, car cette forme peut être réduite à néant.

La plupart des gens tuent et nettoient la flore et la faune contaminée à vue. Toutefois, certaines personnes se sont fait de cette activité un devoir. L'activité est un sacerdoce sans gloire et périlleux, car ces créatures, sans avoir les pouvoirs des Chimères, sont bien plus agressives et toxiques que les autres représentants de leurs espèces, en plus des risques de contamination par la Rupture...

Toute personne portant de marque de Rupture, volontaires ou non, est dite Rongée. Une grande partie de la population de Kiwandoto porte quelques marques de Rupture. Cela peut être honteux, ou le souvenir d'un sacrifice pour un plus grand bien, mais lèvera toujours de la suspicion, surtout si ces marques sont volontaires.

La Rupture ne peut que progresser chez un être. Parfois très lentement, voire quasiment pas, et elle ne sera qu'une cicatrice. Mais il est rare que la Rupture ne l'emporte pas sur la vie d'une personne, car elle grandi d'autant plus vite que sa victime Rongée est profondément imprégnée.

Certaines personnes se laissent tellement tentées par la Rupture qu'elles deviennent des Parjures. La Rupture les récompense alors d'immenses pouvoirs, mais détruit leur esprit. Les Parjures ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, se complaisent dans les vices qu'ils exécraient et se comportent généralement comme des fous ou des sociopathes. En général, les Parjures sont rejetés et exilés par leurs communautés, si ce n'est pas éliminés.

D'autres personnes refusent de pactiser avec la Rupture. Lorsqu'elle fini de les Ronger, elle les emporte dans l'oubli, au sens propre du terme. La victime se décompose alors et quitte l'univers connu, effaçant toute trace de sa présence sur Kiwandoto, tous les souvenirs liés à son existence dans les mémoires des personnes qu'elle a connu. Le monde se reforme pour prendre en compte qu'elle n'a jamais existé : ses enfants deviennent les enfants d'autrui, ses réalisations disparaissent ou sont modifiées pour que leur paternité revienne à d'autres, etc... Le processus est long et peut durer des semaines voire des mois, pendant lesquels l'entourage a conscience d'oublier petit à petit la victime, corrige ses dires de moins en moins fréquemment, etc. C'est une souffrance morale pour toute la communauté, qui a conscience d'oublier un membre contre sa propre volonté, de se tromper dans les noms et sa propre histoire.

On comprend dès lors que pour les victimes et les proches des Rongés, il est préférable et plus miséricordieux de recourir à l'euthanasie, dès lors que la Rupture est proche d'emporter sa proie. La personne recevra de véritable funérailles et sa mémoire sera honorée comme il se doit.

Il n'y a aucun moyen connu à leur actuelle pour nettoyer la Rupture. Aucun remède. Encore moins de ramener un Parjure.

Il y a toutefois des histoires, qui parlent de ces cristaux de Pourprine qu'aucune force ne peut briser, contraindre ou même marquer. Là où on les trouve, les Chamans disent que dans le Rêve, la zone est distordue, torturée...on entendrait des hurlements et aucun Fantasme ou Ectoplasme ne s'en approche.

D'aucuns pensent que cette Pourprine et ces reflets dans le Rêve sont les restes de Parjures qui auraient réussi à surmonter leur Rupture...mais personne ne veut d'un double traître. Ni la Rupture, ni le monde.